Le pas régulier de mes grolles sur le sol de la foret ne me préoccupe pas tellement alors que je temps l’oreille. Chaque bruissement de feuille, chaque palpitation de mon cœur ou chaque brindille qui cède sous mon poids ou celui de la femme qui marche avec moi, m’hérisse les poils. Je sais combien c’est facile pour un marcheur de nous surprendre… et les bois, c’est pas mon domaine, mais celui de Daryl. Moi j’aime la ville, ses recoins et ses possibilités de mise en sureté. Enfin, la sécurité est toute relative de nos jours, mais je préfère me raccrocher à ça, plutôt qu’au nombre de gens qu’on a perdu depuis le début de l’épidémie. Je peux citer le nom de chacun d’entre eux, même si la perte de certains m’a plus touché que d’autres.

Je me tourne vers la jolie brune qui m’emboite le pas, observant son allure négligée avec un petit sourire en coin. J’aime cette femme, son sourire, son regard, sa simple présence ou encore sa voix. J’aurais pu la perdre définitivement il y a encore peu. Après tout, les cannibales avaient eu envie de me raser d’un peu trop près. Inspirant profondément, j’essayais péniblement de ne pas laisser cette boule pendre place dans mon estomac. L’image des autres pauvres gars qu’ils avaient égorgés pas bien loin de moi me laissaient un gout amer. Pourtant, ce n’était pas pire que l’idée d’avoir perdue Maggie. J’avais embrassé cette femme un nombre de fois incalculable alors que je l’avais enfin retrouvée. La suivre, elle et ses indications, m’avait donné plus d’espoir que tous les potentiels remèdes que l’on pouvait créer dans le monde.

Ma main glissa dans la sienne, alors que j’observais sur le côté son visage préoccupé. On avait l’habitude de partir seul, elle et moi, pour chercher des vivres ou d’autres choses pour le groupe. Alors pourquoi son front se marquait ’il de cette manière ?  La réalité ma frappa sans douceur… Beth. La blonde aux yeux trop grand de rêve et de douceur, avaient disparue depuis un moment. Daryl l’avait perdu et depuis, ma femme était surement préoccupée plus qu’as son tour par ça.

- Maggie ? Si tu as besoin de parler, c’est le moment tu sais. L’église c’est pas le coin avec le plus d’intimité qu’on a trouvé depuis qu’on voyage avec le groupe.

La prison me manque, mais je crois qu’elle manque à tout le monde. On a aimé être la bas, tranquillement allongé dans les bras l’un de l’autre. La tour de guet en aurait des choses à dire si elle parlait. Quittant des yeux la prunelle de ses derniers, j’observe les alentour en continuant à parler d’une voix modéré… faudrait pas attirer les rodeurs. Ou pire encore, un autre groupe d’humain. Parce que moi aussi je commence a fortement me méfier de nos semblables depuis que les mordeurs se promène sur terre.

- C’est Beth pas vrai ? Elle te manque… c’est normale. Mais tant qu’on est vivant, on a une chance de la retrouver. Une chance, c’est plus que ce dont on a besoin. Regarde-nous ? On s’est retrouvé et on a été sauvé par le groupe. Je ne te parle même pas d’avoir retrouvé Carol, Judith et  Tyresse. On vas la retrouver Maggie… je te le promets.

Vivante ? Je n’en sais rien. Je ne peux pas faire de promesse, je peux plus. Enfin, pas une de ce genre en tout cas. Je peux qu’espérer… Après tout, la famille Greene a partie largement assez de membre comme ça. Hershel me manque… c’était comme un père pour moi. Il a pris soin de moi pendant l’épidémie et sans lui... la fièvre m’aurait emporté. Ma main, toujours dans celle de la femme que j’aime, j’attends qu’elle s’ouvre à moi.

- Il y avait toujours la tour de guet. Plaisantais-je pour alléger l’ambiance lourde.

Oui, l’intimité était un luxe qu’on avait difficilement en pleine apocalypse. Pourtant, Maggie et moi n’étions pas difficiles et trouvions de manière ingénieuse des moments à nous. Rien que pour nous retrouver et sentir la présence de l’autre. J’étais fou de penser au sexe alors que le monde s’effondrait sous nos pieds ? Sans doute que oui… fou d’elle en tout cas.

Ne manquant rien de ses paroles dur et qui ne soufflait que peu d’espérance, je restais sur mes gardes et marchait d’un pas plus lasse. Pourquoi n’y avait ’il que moi et son père pour essayer de positiver encore et encore ? Ma jolie Maggie qui croyait dur comme fer en ma survie peu probable, avait du mal à garder ce qu’il faut de volonté pour croire que sa sœur nous reviendrait. Beth ne devait pas disparaitre… il ne fallait pas que notre famille nouvellement composée perde encore un membre. Finalement, je lâchais quelques mots à la fin des paroles de ma bien aimée.

- Maggie, je comprends parfaitement que tu sois défaitiste, mais je suis là pour toi.

Faisant suite à mes mots, je la force à se tourner vers moi et ajoute :

- Je suis là pour t’écouter, pour sécher tes larmes, pour sentir tes mains frapper contre mon torse, pour t’embrasser ou te faire l’amour, pour te soutenir quand tu trébuche, pour veiller sur ton sommeil ou encore pour offrir ma vie pour toi. C’est ça le mariage… Que tu ne craque pas devant les autres, soit, mais avec moi, ne te gène jamais.

Passant ma main dans mes cheveux, je me tourne vers la verdure environnante et ajoute d’un air que je souhaite léger.

- Bon… d’accord, sauf en cas d’attaque de mordeur, ou encore pendant qu’on se promène dans une forêt remplie de marcheur.

Je prend a nouveau sa main et l’entraine vers notre mission, ajoutant plus pour moi que pour elle :

- On retrouvera un endroit assez sur pour y vivre correctement. Pour ne plus avoir faim. Pour ne plus avoir peur. Pour ne plus perdre les nôtres… Et à ce moment-là, on pourra reparler de ce que tu m’avais demandé à la prison… tu sais… à propos du… du…

Du quoi ? Elle le sait. Enfin j’espère, parce que je sais pas si j’ai la force d’en parler tellement ça me fais peur. Un bébé ? Trop de risque, pour elle surtout. Et si elle mourrait ? Je sais qu’elle m’avait rassurée, ou du moins avait vainement essayée, mais je préfère clairement que les choses soient dites. Je préfère ne pas penser à ça avant d’être dans un endroit sûr. Et si ça n’arrive jamais ? Alors je ne ferais pas subir a Maggie ce que la femme de Rick a subit.